jeudi 15 mai 2008

Une cerise

J'ai ce soir même croisé, tout à fait par hasard, une cerise que je soupçonne d'être OGM !
Je ne peux absolument rien affirmer, n'ayant pas ma mallette du parfait petit biologiste sur moi !
Mais, pour être amateur éclairé en matiere de drupe de ce type, je pense pouvoir, ma foi,
raisonnablement conclure, peu dupe, que ce fruit semblait issu d'une fornication frappée d'anathème !

Pour vous situer rapidement l'action, je piochais avec allégresse dans un saladier peuplé
de ces petits fruits si goûtus, qui non contents d'être bons, sont rouges, généralement !
Certes, on peut en trouver d'autres teintes, allant du jaune au creme soutenu bigarré,
mais, l'on aime à se porter vers l'image potelée qui siege dans nos pensées frequemment !

Soudain, capturant de ma main, une poignée, je degage une cerise que je m'appretais à engloutir,
lorsque mon oeil de lynx, que dis-je, mon scalpel visuel, mon microscope optique confocal naturel,
detecte une anomalie suspecte inhabituelle et atypique, qui, avec brusquerie, m'interpelle !
Le fruit a une queue, oui, je dis bien une queue ! Et là j'entends déjà vos soupirs :
Allons, une cerise a toujours une queue, on en fait même des décoctions,
aux vertus diurétiques reconnues ainsi qu'un effet dépuratif général en infusion !

Oui... mais non ! Je ne parle pas ici d'un pédoncule, pauvre tige mince et ridicule,
non, non, je parle d'une queue courte et large, rouge, renflée et turgescente,
qui venait fierement s'exposer sous mon nez, avec une suffisance insolente !!!
J’observe, caresse du regard, tâte et scrute longuement le curieux appendicule !

Que faire dans une situation aussi incongrue qu’imprevue ?
Faire fi de l’anomalie de la circonstance et me comporter comme si de rien n’etait ?
M’insurger devant l’inconcevable affront d’une diffusion immaîtrisable d’un génome superflu ?
J’hesitais un instant, puis.... la gobais !!!

mardi 6 mai 2008

Bataille navale


Longeant le cours aux eaux tumultueuses,
j'assistais, un instant, aux batailles,
livrées sans merci, des voiles qui s'eventripaillent,
se déchirent, flottent, s'emmelent en une danse valeureuse.

L'abordage étincelant des lames,
criblant, sondant les chairs vives,
dévoile, impudique, les gorges et les âmes,
les sangs mélés, s'embrassent, s'epousent, salivent.

Ballet mouvant aux courbes ondulations,
les meandres infinis engloutissent
en leur sein, ce que tisse,
l'ondoiement oscillatoire de ce seul mot passion.

Lorsque l'abordage prit fin, dans les fumées acres et les relents de sang tiede,
dans le chaos epars, gisaient, là un bras détaché de son corps,
là des viscères gargouillantes visqueuses et laides,
des bris de lames, des esquilles tranchantes et des yeux morts.

Les survivants, hagards, désemparés, erraient sans but,
heurtant les masses sans vie, détachés des avaries.
Puis, peu à peu, comme sortant d'un sommeil obscurcis,
jettent les corps à la mer, reparent, effacent les traces de lutte.

La grand voile est brulée, reste les étoiles...

.....

Sur le radeau déchiqueté, baigné par la torpeur, une moite touffeur,
le liquide brulant, abreuve par vague, les gorges assechées,
dispense en halo, l'onde vive d'un fleuve d'ardeur,
éveille dans une brume floue les mirages d'une terre fertile à quelques coudées...

.......

A la faveur du soir, les volutes du mirage s'estompent, alors,
la terre est là, bien là, si proche et tellement lointaine encore !
Sur les recifs qui la bordent se dechirent les vagues, si fort...
Le miracle derriere le miroir, l'espoir derriere le gouffre, il faut tant d'efforts !!!

Mais sans autre voie possible, que de tenter l'impossible,
avec la peur au ventre, l'inspiration si peu credible,
l'illusoire conviction, mais tellement d'aspiration,
que peut-être... sûrement, toucherons nous la destination...

.....

Le radeau est en piece, fracassé contre les roches noires,
pauvres vestiges du fier vaisseau au destin tragique.
Les âmes mortent se sont noyées, broyées par les eaux hysteriques.
Seules, quelques ombres étherées, plongeant dans le miroir,
parvinrent, exhorbitée de leur carcasse poreuse, à toucher la rive.
Anéantis, d'être encore en vie, ces fantômes à la peau parcheminée,
ne savaient s'ils devaient pleurer sur leur sort, ou, le ciel remercier ?
Quoi, de l'adversité ou de luxuriance, leur reservait cette île vive ?

Magazine

J'ai acheté ce soir, mon magazine féminin du trimestre
Oui, c'est la moyenne, environ deux par semestre !
D'ailleurs je me demande si je ne devrais pas les garder,
d'une année sur l'autre compte tenu du nombre de nouveauté

M'enfin, à force de relire sans cesse les mêmes choses,
je pense qu'à force je devrais réussir ma métamorphose !
C'est décidé, demain, je serai top glamour !
The Meuf qui en jette tellement que ça gicle autour !!!

Tout d'abord, être ultra mince ET pulpeuse !
La cuisse fine et la gorge généreuse,
la fesse rebondie et la joue creuse,
la cheville gracile et la moue boudeuse !

C'est très facile, tout est expliqué page 44 entre deux pub :
Il suffit de ne jamais, sur la nourriture, culpabiliser,
et, à chaque repas, de s'empiffrer à volonté,
de blettes cuites à l'eau sans sel, et de tofu en cubes !

Bien sûr, il faut bouger, aussi, ne pas rester vautrée !
Aller nager, marcher, jogger, yoger, méditer, pilater,
power-plater, celluM6iller, se faire masser et drainer,
sans oublier, dans le metro et au bureau, de contracter les fessiers !

Ouf !

Une fois cette formalité expediée, je me ferai relooker !
Un grand specialiste me propose, contre le prix de 15 jours,
en 5 étoiles aux Seychelles avec billet premiere classe aller-retour,
de me faire découvrir les couleurs et les allures qui vont me sublimer !

Ainsi, entierement habillée, coiffée, fardée, manucurée,
je serais totalement meconnaissable et transfigurée,
au moins le temps d'une journée, et c'est déjà beaucoup,
afin de me reconcilier avec moi-même, forcement, ça a un coût !!!

Ouf !

Lorsque je me serais totalement retrouvée,
je pourrais enfin m'atteler à l'essentiel !
C'est à dire commencer mon developpement personnel,
au travers de mes facettes familliale, amoureuse, professionnelle...

Rien de plus simple, juste un peu de bon sens !
C'est ecrit en toutes lettres, page 67 et suivantes,
entre le nouvel anti-ride aux dérivés d'essence,
et le gel qui évite à la poitrine de devenir pendante !

Tout d'abord trouver l'homme de ma vie, celui auquel je dirais oui !
Celui qui sera doux, tendre, comprehensif, patient, calin,
respectueux de mes silences, mouvements d'humeur et lubies,
qui saura me faire rire et rêver, preparera mon café le matin,
souriant, intelligent, protecteur sans être etouffant,
viril mais pas macho, sensuel et doucement brutal,
expert en caresses et cunni, armé d'un zizi fatal,
qui passe l'aspirateur chaque jour en chantant,
bricoleur, ayant du gout, plaisant à mes copines,
mais pas trop, ayant des copains sympa qui ne vomissent pas la bibine !!!

Ouf !

Dans le même temps, je m'epanouirai professionnellement,
en n'hesitant pas à m'imposer, écarter les geneurs,
rentabiliser mon temps pour rentrer de bonne heure,
avec une bonne organisation, on y arrive, c'est evident !

D'ailleurs, grâce aux techniques infaillibles de communication,
je n'hesite pas à faire passer mes idées en réunion,
et demontrer toute ma valeur en negociant une substantielle augmentation,
c'est tres facile, page 86, il y a toutes les explications !

Une fois épanouie, je pourrais trouver un appartement
de 200 metres carré dans un quartier tranquille,
avec terrasse en hauteur loin des bruits de la ville.
Apparement, il existe des bons plans, si on n'est pas pressé evidemment !

Ouf !

Bon, ben déjà avec ça, j'ai un bon programme pour les semaines à venir,
ensuite, je me penche sur les questions d'avenir :
Comment gerer metro/boulot/dodo/enfant/mari/amant/sport/meditation/alimentation/menage/famille/copines.
Non, vraiment, je dis merci pour le mode d'emploi, merci precieux magazines !!!

Lieu

C'etait vert, arboré. Le soleil venait caresser les briques et les bois,
de ces bâtiments hétéroclites, bigarrés, datés, vieillis.
Au fond de l'allée pavée, s'ebrouaient des chevaux salis.
Le vent tourbillonnait, levant la poussiere en un nuage narquois,
puis retombait brusquement, s'escamotant un instant.
Les herbes folles profitaient du printemps pour sortir des rangs.
Dans un carré livré à lui même, des fleurs emmêlées luttaient,
pour écraser les assauts sournois du vert épais.

Les chevaux sont passés faisant claquer tristement leurs sabots,
sur le sol usé, nerveux et affligés, avides d'emplir leurs naseaux,
d'une ombre de brise vive apaisante et fraiche.
Puis, ils ont obliqué, derriere l'édifice surmonté d'une flèche.

Dans le dédale ordonnancé, alternance de clair-obscur et contre-jour,
flottait dans la lumière, une pénombre en demi-jour,
une insaisissable brume sans forme ni couleur,
un soupir indicible, une ombre, l'odeur de la peur....