mardi 3 novembre 2009

A ces coupables irresponsables !

Quelle charge de culpabilité revenait à chacun ?
A la somme mortelle, toute intervention avait pesée,
lourde ou indirecte,de l'insouciance legere de l'un,
au silence coupable de l'autre, en compromission cachée.

Combien d'yeux témoins, à l'abris d'épais rideaux,
dans l'ombre silencieuse, s'etaient retranchés derriere une providence
éventuelle, possible, derriere un pari proche de l'inconscience
plus confortable que d'affronter la lumière tranchante de l'échafaud ?

Tous ou presque y trouvaient leur compte finalement,
dans une danse de fantoches qui n'y comprendraient rien,
confort notable pour évincer des projecteurs tout dérangement,
qu'une agonie ignoble et injuste, reconnue, aurait contraint.

Ces morts genants étaient plus dignes estampillés de malchance
et meritaient même, sous ce masque, qu'on s'y attarde en révérence,
pleurant à l'injustice, aux voies impénétrables, épreuves divines.
Ignorer leurs atroces grimaces, souffrance des poisons qui assassinent.
Ignorer ces yeux révulsés qui accusent, la main crispée blâmant les indignes
et illégitimes prières, ignorer ces bouches tordues d'où s'écoulaient encore, rances,
les biles noires infectées. Ignorer, et préserver son irresponsable insouciance.

Le confort de l'oeil mort et de l'oeillère confortable.

Au quotidien

Chacun, missionné à l'instant, suivait son fil d'Ariane sur les rubans gris, dédale codifié.
Chacun filait, dévidant la pelote qui lui permettrait de ne pas laisser son regard s'égarer,
à perdre le temps précieux ailleurs, hors oeillères, sur des rythmes exotiques parfumés.
Le temps courait et chacun allongeait le pas afin de tenir son battement sans trébucher.
Zigzaguant entre les uns et les autres, évitant de se prendre les pieds dans les cordes
de cerfs-volants livides tirant leurs marionnettes à molette groupées en sourde horde,
suivaient le chemin tracé comme dans une migration aux raisons perdues, atavique,
sacrificielle, en héritage catéchisé, prophétisé, inscrit comme une contrainte génétique.
Les errances lentes, isolées, rompaient la célérité, avec l'insolence enfantine crispante
de ceux que l'on ne peut rosser à discrétion, faisaient naître quelques rages méchantes.
Dans le ballet aseptisé, à la chorégraphie parfaitement orthographiée et astreignante,
sous ciel limpide, coulaient sans ruade, des abnégations grêles, trop accommodantes.

Sur ce fil du sacrifice, regimbaient, en fortes têtes,
occasionnellement quelques fougues presque éteintes,
d’une energie vaine, de substruction ceinte,
en quelques figures de style, contrefaites...

Oeufs de paques

Elle s'etait trompée de saison pour les oeufs de Paques,
même en cherchant bien, sur et sous les faîtes flous des chênes
ou les dômes de pins parasoles en corolle, la récolte restait vaine.
Restait encore à fouiller, peut-être, le fond du lac ?

Une vieille barque humide alourdie dehors,d'algues noires et spongieuses,
moussue dedans, et geléifiée de petits champignons,
lui faisait signe sous un saule, se proposant en outil-compagnon
pour funeste voyage sur l’étendue miroir hallucinogène d’alouettes aqueuses.

C’eut été cloche de refuser ce rendez-vous destiné !
On ne pose pas de lapin, même loin de Paques, au sort.
D’autant qu’il n’etait pas exclu que l’eau sombre détienne son trésor,
caché, dans ses tréfonds aveugles et envasés.

La brume se levait doucement, à mesure qu’elle avançait lentement dans le soir,
nappant la scène de mystère et de silence mouillé.
Le milieu du lac, au centre de son esprit siphonné,
l’accueilli sans rechigner, l’avalant tout rond, ainsi qu’une pastille de chocolat noir.

Assassin

De loin, à distance, c'eut été comme une lâcheté, une demi victoire au gout d'inachevé.
Bien sûr le resultat eut pu être là, mais finalement, l'aboutissement importait peu.
Non, c'etait bien l'approche au plus proche, la captation totale, l'absorption du feu,
capturer l'essence vitale, saisir la brume énigmatique, toucher le mystère de l'entité.

Fondre brusquement, comme l'oiseau de proie, sur la pâture innocente, terrorisée,
l'étreindre dans ses serres, l'étouffer sans la serrer, de sa propre terreur séquestrée.
Plonger son regard au plus profond du sien, voler son âme, la voir s'étioler sous ses yeux.
Sentir son souffle, sa chaleur, son sang battre en baignant l'instant de ses doigts vigoureux.

La tenir là, immobile et battante, d’un coeur mourrant, expirant quelques battements pieux,
voir dans son regard l’incompréhension, le questionnement, un voeu aux cieux,
muets, mur à prières, ex votos et sacrifices murés dans un entêtement silencieux !
Un silence funebre, funeste, quand la vie mourrait peu à peu !

De son couteau si simple, de sa lame sans larme, dans le coeur si simple, fragilisé,
devant tant de haine, battait à tout rompre sans fin, indécent, des flots dispendieux.
Il cherchait dans le regard mourant l’envolée vitale, la fuite de l’âme, tactile, sous ses yeux,
dans les yeux étonnés et crédules commençant à douter de Dieu, dans un silence résigné !

Les yeux virèrent ainsi que leur regard, à mesure que le teint sans oxygène, expirait radieux,
dans la moiteur liquide abreuvant sa main d’un je ne sais quoi de jubilatoire, presque amoureux,
forçant à la garde dans un mouvement fiévreux, l’assimilation, la digestion maléfique, heureux, jouissait de voler l’âme fragile tombée idiote, sous son envolée mystique !

Si proche, de sa proie mourante, il n’avait capté qu’une once de le vie expirante,
son souffle, sa tiedeur, sa question suppliante
idiote trop muette, mourante trop absente,
demain sans faute, il réitèrera sur une autre passante....

... jusqu’à capter enfin le fantôme de ce moment divin
saisir le passage de la vie vers, un avenir plus serein ?
Toucher du doigt sa peur propre, son propre malheureux lendemain !

Plume

A ses caresses essoufflées, sans cesse, attisant l’ivresse,
le long de ses cuisses et frémissements,
crissaient délices, haussait l'empressement.
Glissant en un ressac ruisselant et languissant,
sommait, pressée, envoûtement et possession enchanteresse.

Dangers quotidiens

Le danger est partout, absolument partout !
Il se cache à peine des regards, sous des airs des plus anodins
afin de tromper ses proies étourdies, dès le matin,
à la faveur de la moindre inattention reveuse, au premier coup de mou !

A peine éveillés, les esprits encore embrumés par les vapeurs d'une folle nuit,
au sommeil de plomb, dans les bras de Morphée,
les candidats à la journée noire s'empressent de jeter, que dis-je, de sacrifier
leurs orteils malheureux dans le pied de lit, générant jurons orduriers melés de cris.

Oui, ça fait mal !

D'autres, voire les mêmes, dans les cas les plus graves, enchaineront rapidement,
par une glissade douloureuse dans les escaliers où le danger se tapit insidieusement
dans un encaustique pour parquet ciré qui se jour là, assez mystérieusement,
a transformé chaque lame en patinoire, et ce, sans le moindre avertissement !

Ca aussi, ça fait mal !

Une fois dehors, c'est pire encore !
Entre les feuilles d'arbres sous la pluie battante
les plaques d'égout luisantes
ou les déjections de Médor,

On a toutes les chances d'encore se ramasser et.... de se faire mal !!!

Le poteau qui semble être brusquement sorti du bitume comme une fleur
tandis que le pauvre éclopé du matin interroge de son portable le repondeur.
La porte en verre qui joue l'homme invisible et refuse de s'ouvrir,
prompte à se précipiter sur un front, un nez, afin de les aplatir.

Ouai ! Ca fait mal !

Dans le metro, les barres anti-glissade d'escalier
qui décident inopinément de se surélever
pour accrocher le bout du pied
juste pour le plaisir de nous voir dévaler.

'tain !!!! Rien que d'y penser j'ai mal !!!!

Partout ! Partout et toujours nous sommes cernés !
Le danger, celui dont on ne se méfie pas,
celui qui se cache ailleurs que dans nos craintes anticipées
s'acharne parfois le jour où on ne l'attend pas !

Bon ! C'est décidé, demain, je reste au lit toute la journée avec un beau mâle !
Hein ?! Quoi ?! Là aussi on peut se faire mal ?

En des langues etrangères

Et sous sa langue, étrangère,
invasive, en attention plénière
suffoquait en manque d'air
là où s'offrait la terre entière.

La frontière si proche et si floue
ondulait en flux et reflux, à son rythme indistinct
roulant ses yeux de hibou
à la fois fixe et oscillante dans un espace incertain.

En réfugiée sans le moindre papier, errait,
en des terres inconnues,
tâtant en double aveugle, sans vue
comme l’avenir nu se présentait !

Saisissant sa chance ou non,
entre ses doigts fébriles
des spasmes indicibles,
des perles de sueur sur son front....