mardi 21 juillet 2009

Le Père Ursule

Le Père Ursule, avait donné sa vie au Seigneur !
Une vie entière à sauver les pêcheurs,
à célébrer messes et bénédictions,
luttant jour après jour contre toute tentation.

Une vie entière consacrée avec ferveur,
à gratifier l’assemblée de sermons dominicaux
à prier, réciter, baigner dans les fonds baptismaux,
marier, encenser les douleurs.

Ayant toujours à l’esprit et au cœur,
de faire au mieux son difficile labeur,
Et ce, depuis qu’il avait été enfant de choeur,
jusqu’à ce jour avancé dont Dieu s’était fait prêteur.

Mais voilà, le Père Ursule allait fêter sans ostentation
ses soixante dix ans d’une vie de dévotion.
Il faisait le bilan de sa vie d’émotion,
et commençait à peiner à trouver encore motivation.

Malgré ses prières quotidiennes,
malgré les chapelets, les neuvaines,
jamais il n’avait reçu le moindre remerciement du Ciel.
Pas de son, pas d’image, pas même une goutte de miel.

Le Père Ursule doutait :
"Et si ma vie n’avait été que celle de l’acteur,
récitant la pièce, jour après jour, du même auteur ?
Et si, finalement, son succès critique était surfait ?

Et si manigancé en décor, de toutes pièces
il n’y avait rien derrière l‘aurore, nul faciès
derrière tous ces sacrements
derrière tous ces chants..."

Le Père Ursule doutait.
Si tard, mais tant et tellement !
Comme un fauve en cage, il tournait, ressassait,
dans sa tête, dans la nef et dans son appartement.

Vint le jour de son soixante dixieme anniversaire
et aucune lueur ni signe tangible, malgré ses prières
qui prenaient la tournure de bouteilles à la mer !
Le Père Ursule, pour la premiere fois, goûtait à la colère !

Les dames de la paroisse avaient organisé une petite fête
pour célébrer dignement l’anniversaire de ce bon homme
avec moult cakes, salades et tartes aux pommes,
et puis quelques bons vins, pour que la fête soit complete !

Le Père Ursule silencieux mais brisé de colère
noya plus que de raison dans le vin, sa misère.
Et, à mesure qu’il virait rubicond
commençait à rire plus que de raison.

Les dames patronnesses se jetaient des oeillades entendues
joyeuses que leur saint père se soit un peu laissé aller
à sa joie d’être ainsi fêté,
en ce jour, méritant tout son du.

Mais bientôt, le Père Ursule fin saoul,
décida qu’il était plus que temps d’enfin être fou !
Et, initié d’un coup de poing violent sur la table
décréta qu’il était plus que temps de mettre fin à cette fable !

" Mesdames ! Je fête ce jour en votre présence
et pourtant depuis tant d’années, dans le silence,
je rêve dans le secret de la nuit
d’en culbuter 2 ou 3 à grand bruit !

De relever vos jupes marines
et vous glisser un bon coup de pine !
Depuis le temps que mon membre réclame de servir
j’ose espérer que l’une de vous lui fera ce plaisir !

C’est mon anniversaire, je veux et exige ce cadeau !
Qui sera la premiere à recueillir mon flot ? "
Ces dames outrées criaient des haaa, des hoooo,
qui ne faisaient qu’exciter un peu plus le vieux frerot !

Pris de démence, celui-ci exigeait enfin sa pitance
et se jeta avec violence sur la pauvre dame Hortense.
Sur la table, devant les convives,
il la troussa, et jouit à une allure vive !

Les dames, figées d’horreur
ne savaient que rester là à prier en chœur !
Le Père Ursule avait tant d’années à rattraper
qu’il les prit une à une, sans en oublier !

Entre l’extase et le choc
ces dames ne savaient trancher !
Confuses mais remontées à bloc
d’être ainsi si saintement honorées !

Dans un silence un peu pesant,
chacun prit part au rangement.
La table fût débarrassée,
une fois les agapes expirées.

Les dames rentrèrent chez elles pas mécontentes de cette journée
qu’un unanime silence tacite avait scellé.
Le Père Ursule continua à officier quelques années
pas mécontent d’avoir vécu sa vie d’homme, sous forme concentrée !

Maudit moustique

Un moustique las de naviguer nuitamment
à éviter soigneusement les prises électriques toxiques,
de jouer au vampire redouté fuyant la claque fatidique,
décida d’occuper ce qui lui restait de vie autrement.

Posé au revers d’une feuille bercée par le vent,
dans un sous-bois humide et rustique,
il dessinait en secret d’embrasser une carrière artistique,
à laquelle la foule applaudirait vaillamment

Il s’entraîna longuement à affiner le chant symptomatique
de ses ailes aigues au fameux bourdonnement
et dansait en tressautant dans un mouvement,
tout à fait spécifique d’une transe hypnotique.

Lorsque le numéro lui sembla toucher à son aboutissement,
il résolu d’offrir son premier spectacle au public,
non sans trac, il chercha quelque loustic
devant qui tester sa ferveur à l’enchantement.

Par chance, il trouva son bonheur rapidement.
Se posant sur le bras dénudé d’une promeneuse anorexique
il entama son ballet psychédélique,
poussant le son au plus haut rayonnement.

Il jubilait, euphorique,
s’attendant à de chaleureux remerciements.
Essoufflé mais heureux, il vit à peine le mouvement
de la main s’écrasant sur sa vie de moustique.

Encore un artiste maudit !

Jardin

En des espaces de causes, les poires osent
coller, obtuses, quelques coléoptères cooptés,
triés sur le volet, es paires, en douce de jardins enchantés,
de fleurs lys à bleuet, jusqu’aux prunes éclatées d’envie en rose