dimanche 10 mai 2009

Une petite fille avec des couettes....

elle etait assise là, sur la margelle, avec ses couettes,
à piocher dans un sac en papier, plein de chouquettes.
La bouche pleine, elle contemplait ses socquettes,
agitant les pieds au bout de ses petites jambes maigrelettes.

- Bon appetit petite poulette !
Lança la dame qui passait, en passant...
- Ferme ta bouche avec ta tronche de cake blette !
Lança en retour, l'enfant tout en grimaçant....



La dame qui passait, s'arreta net,
hesitant à venir tancer la petite peste...
Mais cette derniere, plus rapide, planta, d'un geste leste,
ses ciseaux à bouts ronds, avec vigueur, dans la gorge offerte.

Tandis que la dame aux yeux révulsés, muette,
gargouillait, expirant dans son sang,
la petite sauta sur sa bicyclette,
avec ses chouquettes, chantant le nez au vent....

Archeologue ?

A regarder toujours au microscope quelques souvenirs brisés de vies
il ne vit rien venir de ce qu'il se tramait derriere lui.
Epoussetant sans cesse avec mille précautions les strates des âges,
obnubilé à tamiser des trésors sous son oeil mué en gare de triage.

Il ne levait plus le nez, perdait du recul, laissait filer le plaisir.
Sur la stèle colossale branlait dangereusement une figure mythique.
Elle choisit cet instant pour lui tomber dessus, à pic,
broyant le corps et l'âme, sans émotion ni soupir.

C'etait un bel écrin pour mourir ce jour...
Dommage de n'en avoir contemplé que le velour.

Casimir

Marie-Clothilde rentrait d'une sympathique soirée
d'anniversaire, passablement alcoolisée.
Très digne, malgré l'allure échevelée de sa tresse
que ne tenait plus qu'à peine son carré Hermès,
elle se souvint brusquement qu'elle n'avait pas nourri Casimir.

Allumant le plafonnier, elle s'approcha du bocal à nourrir.
Ô Stupeur ! Casimir, au lieu de gambader de ses nageoires,
avait un facheux air penché, un oeil terne, presque cireux,
et surtout, un affreux ventre gonflé comme s'il avait avalé une poire !
Casimir semblait, pour le moins, ne pas aller au mieux !

Prise de panique devant cette scène d'agonie,
Marie-Clothilde se jeta sur son téléphone pour appeler des secours.
Marc-Hubert, son cavalier de la soirée qui avait été si prévenant et plein d’humour,
ne devait pas être encore rentré chez lui !

"Marc-Hubert !!! Ooooh Marc-Hubert, pardonnez mon appel si tardif !
Je suis tout bonnement desespérée, je crains que mon Casimir ne soit moribond !"
Marc-Hubert, qui etait en fait sur le point de se coucher, sauta dans son calcif,
pour porter secours à la belle au ton si depressif !

Arrivé sur place, il estima vite que les jours de Casimir etaient comptés,
et que plutot que de le laisser longuement agoniser,
souffrir, pencher, peut-être même éclater,
il serait préferable de l’euthanasier !

- "Ma tres chere Marie-Clothilde, en quelques mots,
je crains qu’il ne lui faille un coup de chasse d’eau !
- Oh Mon Dieu, non, c’est abominable !
On ne peut pas faire ça, ce serait impardonnable !
Une mort plus rapide serait cent fois préférable !"

Après moult tergiversations autour de la table,
Marc-Hubert decida qu’un bon coup de marteau
était la seule possibilité pour le tuer au plus tôt !
Marie-Clothilde revint donc avec un maillet,
tout en pleurant ce qu’elle pouvait !

Casimir se laissa pecher sans réaction !
Il fut placé délicatement sur une planche à découper,
et Marc-Hubert, après un leger signe d’affliction,
frappa brutalement le poisson du maillet !

Manque de chance, Marc-Hubert avait mal visé,
le poisson glissa sous le coup, et.... s’envola quelque part dans le salon !
Tandis que Marie-Clothilde hurlait d’horreur en cherchant son petit protégé,
Marc-Hubert se confondait en excuses de ne pas avoir été assez bon !

Il essuya sans rien dire, la nageoire dorsale restée collée au maillet....
Marie-Clothilde finit entre ses larmes, par retrouver Casimir presque asphyxié
dans les rideaux derriere le canapé.
Le pauvre n’etait pas encore trépassé !

Marc-Hubert, un peu géné, demanda à Marie-Clothilde de se tourner.
Puis, d’un coup de chaussure, bien ajusté,
il écrasa à même le sol, le poisson rouge tout gonflé !
Plaf ! Ainsi mourut Casimir à l’issue de cette triste soirée !

Un silence

Il n'y avait plus rien à faire.
Juste rester là... et puis se taire.
Garder sa main dans la mienne
jusqu'à ce qu'elle se voile d'obsidienne.

Il n'y avait plus rien à dire.
Juste rester là... et retenir les soupirs.
Ne rien laisser transparaître,
jusqu'à ce que ce soit l'heure de renaître.

Il n’y avait plus qu’à attendre,
là,... sans plus entendre,
ces mots réconfortants assénés,
comme autant d’obscénités.

Il n'y avait plus rien à faire.
Juste rester là... et puis se taire...

Dune

Je criais dans le desert, tout mon saoul, à la face de la dune,
J’hurlais tout ce que je pouvais, à m’en faire saigner la gorge.
Inaudible plainte, même pas une graine d’orge
Sans doute bien moins qu’un titre du journal de la Une

Elle me toisait sans vibrer, fiere,
Putain de dune qui m’avait ôté tout souffle
Pour arriver entiere,
Jusqu’à son sommet sans plus de souffle.

Hors de moi, m’enfonçant dans son sable
Sans jamais toucher son râble
Ni encore moins son cœur
Couvert de sable à la solaire tiedeur.

Face à cette immensité, d’une mer sans fin
Et le sable de l’autre côté
Perdue, là, sans en attendre plus rien
Jetais, despespérée, un galet à fin de ricochets…

Le galet a coulé, avec le cri qui l’accompagnait
Sans bruit
Sans fruit
Miserable, comme une âme qui coulerait…

Je mourrais là…
Enveloppée de sable
Dans un vent de fables
recouverte de mes cris bas…

Un chemin...

Au bout, tout au bout de ce chemin,
Lorsque l’on aura passé tous ces branchages
Lorsque nous aurons traversé les marecages,
Là bas, sans doute au petit matin,
Se souviendra-t-on pourquoi ?
Nous souviendrons nous comment ?
Et même, est-ce que tu seras encore près de moi ?
Est-on definitivement toujours seul dans ces moments ?

Au bout, tout au bout de ce chemin qu’aurons nous perdu ?
Que nous restera-t-il encore de nous ?
Avant que de sombrer dans l’inconnu,
Aura-t-on encore cette conscience, ou plus du tout ?

Le ciel entre deux feuilles a beau sourire,
Il ne se laisse que rarement lire.
Lorsque le chemin prendra fin, un matin d’été
Serons nous seulement veritablement arrivés ?