mardi 3 novembre 2009

A ces coupables irresponsables !

Quelle charge de culpabilité revenait à chacun ?
A la somme mortelle, toute intervention avait pesée,
lourde ou indirecte,de l'insouciance legere de l'un,
au silence coupable de l'autre, en compromission cachée.

Combien d'yeux témoins, à l'abris d'épais rideaux,
dans l'ombre silencieuse, s'etaient retranchés derriere une providence
éventuelle, possible, derriere un pari proche de l'inconscience
plus confortable que d'affronter la lumière tranchante de l'échafaud ?

Tous ou presque y trouvaient leur compte finalement,
dans une danse de fantoches qui n'y comprendraient rien,
confort notable pour évincer des projecteurs tout dérangement,
qu'une agonie ignoble et injuste, reconnue, aurait contraint.

Ces morts genants étaient plus dignes estampillés de malchance
et meritaient même, sous ce masque, qu'on s'y attarde en révérence,
pleurant à l'injustice, aux voies impénétrables, épreuves divines.
Ignorer leurs atroces grimaces, souffrance des poisons qui assassinent.
Ignorer ces yeux révulsés qui accusent, la main crispée blâmant les indignes
et illégitimes prières, ignorer ces bouches tordues d'où s'écoulaient encore, rances,
les biles noires infectées. Ignorer, et préserver son irresponsable insouciance.

Le confort de l'oeil mort et de l'oeillère confortable.

Au quotidien

Chacun, missionné à l'instant, suivait son fil d'Ariane sur les rubans gris, dédale codifié.
Chacun filait, dévidant la pelote qui lui permettrait de ne pas laisser son regard s'égarer,
à perdre le temps précieux ailleurs, hors oeillères, sur des rythmes exotiques parfumés.
Le temps courait et chacun allongeait le pas afin de tenir son battement sans trébucher.
Zigzaguant entre les uns et les autres, évitant de se prendre les pieds dans les cordes
de cerfs-volants livides tirant leurs marionnettes à molette groupées en sourde horde,
suivaient le chemin tracé comme dans une migration aux raisons perdues, atavique,
sacrificielle, en héritage catéchisé, prophétisé, inscrit comme une contrainte génétique.
Les errances lentes, isolées, rompaient la célérité, avec l'insolence enfantine crispante
de ceux que l'on ne peut rosser à discrétion, faisaient naître quelques rages méchantes.
Dans le ballet aseptisé, à la chorégraphie parfaitement orthographiée et astreignante,
sous ciel limpide, coulaient sans ruade, des abnégations grêles, trop accommodantes.

Sur ce fil du sacrifice, regimbaient, en fortes têtes,
occasionnellement quelques fougues presque éteintes,
d’une energie vaine, de substruction ceinte,
en quelques figures de style, contrefaites...

Oeufs de paques

Elle s'etait trompée de saison pour les oeufs de Paques,
même en cherchant bien, sur et sous les faîtes flous des chênes
ou les dômes de pins parasoles en corolle, la récolte restait vaine.
Restait encore à fouiller, peut-être, le fond du lac ?

Une vieille barque humide alourdie dehors,d'algues noires et spongieuses,
moussue dedans, et geléifiée de petits champignons,
lui faisait signe sous un saule, se proposant en outil-compagnon
pour funeste voyage sur l’étendue miroir hallucinogène d’alouettes aqueuses.

C’eut été cloche de refuser ce rendez-vous destiné !
On ne pose pas de lapin, même loin de Paques, au sort.
D’autant qu’il n’etait pas exclu que l’eau sombre détienne son trésor,
caché, dans ses tréfonds aveugles et envasés.

La brume se levait doucement, à mesure qu’elle avançait lentement dans le soir,
nappant la scène de mystère et de silence mouillé.
Le milieu du lac, au centre de son esprit siphonné,
l’accueilli sans rechigner, l’avalant tout rond, ainsi qu’une pastille de chocolat noir.

Assassin

De loin, à distance, c'eut été comme une lâcheté, une demi victoire au gout d'inachevé.
Bien sûr le resultat eut pu être là, mais finalement, l'aboutissement importait peu.
Non, c'etait bien l'approche au plus proche, la captation totale, l'absorption du feu,
capturer l'essence vitale, saisir la brume énigmatique, toucher le mystère de l'entité.

Fondre brusquement, comme l'oiseau de proie, sur la pâture innocente, terrorisée,
l'étreindre dans ses serres, l'étouffer sans la serrer, de sa propre terreur séquestrée.
Plonger son regard au plus profond du sien, voler son âme, la voir s'étioler sous ses yeux.
Sentir son souffle, sa chaleur, son sang battre en baignant l'instant de ses doigts vigoureux.

La tenir là, immobile et battante, d’un coeur mourrant, expirant quelques battements pieux,
voir dans son regard l’incompréhension, le questionnement, un voeu aux cieux,
muets, mur à prières, ex votos et sacrifices murés dans un entêtement silencieux !
Un silence funebre, funeste, quand la vie mourrait peu à peu !

De son couteau si simple, de sa lame sans larme, dans le coeur si simple, fragilisé,
devant tant de haine, battait à tout rompre sans fin, indécent, des flots dispendieux.
Il cherchait dans le regard mourant l’envolée vitale, la fuite de l’âme, tactile, sous ses yeux,
dans les yeux étonnés et crédules commençant à douter de Dieu, dans un silence résigné !

Les yeux virèrent ainsi que leur regard, à mesure que le teint sans oxygène, expirait radieux,
dans la moiteur liquide abreuvant sa main d’un je ne sais quoi de jubilatoire, presque amoureux,
forçant à la garde dans un mouvement fiévreux, l’assimilation, la digestion maléfique, heureux, jouissait de voler l’âme fragile tombée idiote, sous son envolée mystique !

Si proche, de sa proie mourante, il n’avait capté qu’une once de le vie expirante,
son souffle, sa tiedeur, sa question suppliante
idiote trop muette, mourante trop absente,
demain sans faute, il réitèrera sur une autre passante....

... jusqu’à capter enfin le fantôme de ce moment divin
saisir le passage de la vie vers, un avenir plus serein ?
Toucher du doigt sa peur propre, son propre malheureux lendemain !

Plume

A ses caresses essoufflées, sans cesse, attisant l’ivresse,
le long de ses cuisses et frémissements,
crissaient délices, haussait l'empressement.
Glissant en un ressac ruisselant et languissant,
sommait, pressée, envoûtement et possession enchanteresse.

Dangers quotidiens

Le danger est partout, absolument partout !
Il se cache à peine des regards, sous des airs des plus anodins
afin de tromper ses proies étourdies, dès le matin,
à la faveur de la moindre inattention reveuse, au premier coup de mou !

A peine éveillés, les esprits encore embrumés par les vapeurs d'une folle nuit,
au sommeil de plomb, dans les bras de Morphée,
les candidats à la journée noire s'empressent de jeter, que dis-je, de sacrifier
leurs orteils malheureux dans le pied de lit, générant jurons orduriers melés de cris.

Oui, ça fait mal !

D'autres, voire les mêmes, dans les cas les plus graves, enchaineront rapidement,
par une glissade douloureuse dans les escaliers où le danger se tapit insidieusement
dans un encaustique pour parquet ciré qui se jour là, assez mystérieusement,
a transformé chaque lame en patinoire, et ce, sans le moindre avertissement !

Ca aussi, ça fait mal !

Une fois dehors, c'est pire encore !
Entre les feuilles d'arbres sous la pluie battante
les plaques d'égout luisantes
ou les déjections de Médor,

On a toutes les chances d'encore se ramasser et.... de se faire mal !!!

Le poteau qui semble être brusquement sorti du bitume comme une fleur
tandis que le pauvre éclopé du matin interroge de son portable le repondeur.
La porte en verre qui joue l'homme invisible et refuse de s'ouvrir,
prompte à se précipiter sur un front, un nez, afin de les aplatir.

Ouai ! Ca fait mal !

Dans le metro, les barres anti-glissade d'escalier
qui décident inopinément de se surélever
pour accrocher le bout du pied
juste pour le plaisir de nous voir dévaler.

'tain !!!! Rien que d'y penser j'ai mal !!!!

Partout ! Partout et toujours nous sommes cernés !
Le danger, celui dont on ne se méfie pas,
celui qui se cache ailleurs que dans nos craintes anticipées
s'acharne parfois le jour où on ne l'attend pas !

Bon ! C'est décidé, demain, je reste au lit toute la journée avec un beau mâle !
Hein ?! Quoi ?! Là aussi on peut se faire mal ?

En des langues etrangères

Et sous sa langue, étrangère,
invasive, en attention plénière
suffoquait en manque d'air
là où s'offrait la terre entière.

La frontière si proche et si floue
ondulait en flux et reflux, à son rythme indistinct
roulant ses yeux de hibou
à la fois fixe et oscillante dans un espace incertain.

En réfugiée sans le moindre papier, errait,
en des terres inconnues,
tâtant en double aveugle, sans vue
comme l’avenir nu se présentait !

Saisissant sa chance ou non,
entre ses doigts fébriles
des spasmes indicibles,
des perles de sueur sur son front....

mardi 22 septembre 2009

Mue d'hiver

Là où l'ouïe affolée lape l'eau limpide,
elle allait où l'onde coule, lente et lisse,
belle halte légère, volatile, embellie placide.
Asile replié, lavé aux effluves de lys.

Au moment de la fuite, sous quelques orées aux bois noueux
accompagnée des mille bruissements de spéculations épineuses,
cherchait sous le plumage d'été, d’illusoires et fallacieuses
résonances des anciens parfums suaves et onctueux.

Sous de beaux jours aux affections, trop certainement cruellement contrefaites,
agonisaient l’été, ses récurrences languissantes et leurs confessions imparfaites.


Captive de la tourmentine forestière,
accrochée au chant de l’oiseau d’oubli
ses pas la guidaient sur l’allée buissonnière,
celle qui restait invisible à tout œil trop gris.

Sans hâte de se délivrer de l’entrave plénière
qui la retenait loin, un instant, au temps de vie
elle regardait danser les elfes et les ombres, les murmures de clairière
qui menaient là, leur monde voisin, loin des cris.

Les heures coulaient dans l’espace des prières
là bas, si loin d’ici.
Mais il fallait retrouver quelques parisettes serrurières
pour retrouver le chemin des soucis.

La fugue demeurait toujours passagère,
mais soufflait à cœur parfum de millepertuis.

Et, à quelques encablures de la naissance du jour,
tandis que bruissaient déjà dans la contraction du matin
les douleurs au présage tellement incertain,
elle froissait encore entre ses doigts quelques feuilles au suc lourd.

Et, à quelques heures de la fin du jour,
tandis que tonnaient encore les soubresauts lointains,
les componctions aux visages brouillés, indistincts,
ses doigts encore tachés lui souriaient d’évocations au soyeux de velours

lundi 21 septembre 2009

Aux cris muets

Comme un robinet mal fermé,
ce plic ploc infernal
tintait sourdement, à en éclater,
aux oreilles, comme démoniaques cymbales.
Dans le silence endormi
faisant écho au cri
devant un œil solitaire
orphelin de paupière

Les vacances d'Aldebert


Aldebert était un citadin en mal d’air !
Il étouffait dans les rues, dans son costume.
Il étouffait dans ses pompes, son teint virait au vert.
Il sentait ses nerfs qui dangereusement se consument.

Tout l’agaçait. Dès que le téléphone sonnait
et avant même de décrocher, il soupirait, râlait.
Il avait envoyé paitre Gisèle, la secrétaire dévouée,
simplement car il ne supportait plus qu’elle vienne lui parler.

Il fomentait des haines vaines contre tout un chacun
et même, dans son sommeil rêvait d’en tuer quelques uns.
Aldebert avait un besoin viscéral de vacances
de faire une pause, très loin, besoin d’une renaissance.

Aldebert posa donc des congés, et commença à écumer
sur différents sites internet, quelle destination pourrait lui convenir,
afin de se retrouver enfin, faire tomber l’ire
trop longtemps ravalée.

Ayant envie de changement radical
il réserva donc une semaine dans un club naturiste, au soleil !
Jamais il n’avait fait chose pareille
que d’envisager des vacances à poil !

Les bagages furent vite expédiés :
Un petit pull pour la fraîcheur des soirées !
des tongs pour éviter de se faire mal aux pieds
et une serviette pour, sur la plage, s’allonger !

Quand Aldebert arriva à destination,
qu’il arriva à l’accueil avec sa réservation
il commença à se demander s’il avait eu véritablement une bonne idée
que de choisir cette formule, en voyant tous ces gens dénudés !

Une fois dans son logement avec vue sur paysage
Aldebert fit tomber un à un ses vêtements du voyage
et décida d’aller, nu donc, en repérage
des lieux et de pousser jusqu’à la plage !

A peine eut-il mis le nez dehors qu’il croisa une grosse dame… nue et affairée !
Plus que replète, celle-ci revenait manifestement de quelques emplettes
avec un panier plein à craquer de charcuteries, pains et gaufrettes,
qu’elle peinait à porter, tandis que ses chairs tremblotaient comme de la gelée.

Aldebert malgré lui, n’arrivait pas à détacher son regard des énormes seins
qui ballottaient avec violence sous l’effort.
Cela lui semblait presque incroyable que ceux-ci tiennent encore
et ne se déchirent pour se répendre de leur contenu dans le panier plein.

Les yeux ronds, gené, Aldebert etait mortifié
il prenait conscience que ses balloches s’etaient toutes crispées
devant ce spectacle auquel il ne s’était pas préparé
et restait là, bâlot, sans pouvoir ni bouger ni parler.
La dame, le gratifia d’un sourire et d’un « guten tag » tonitruant
auquel Aldebert répondit d’un rictus grimaçant.
Puis, Aldebert prit le chemin de la plage qui heureusement etait tout proche,
l'oeil rivé sur le sol, cherchant vainement à glisser ses mains dans une poche.

Arrivé sur la plage, il contempla le rivage,
mais ses yeux se heurtaient ça et là
sur une foultitude de corps exposés, verticaux ou à plat
maigres ou gras, aux peaux fermes ou molles, de tous âges.

Mal à l’aise, Aldebert entra vivement dans l’océan.
l’eau était fraîche et même froide mais il plongea prestement.
Aldebert sorti de là avec un membre ridiculement petit
sans moyen de camoufler l’effet peu valorisant du froid sur son kiki !

Il jetait un œil déconvenu sur son appendice ridicule
esperant ne pas croiser de naïade pimpante
dans cette configuration gênante
Il couru jusqu’à sa serviette tentant de se donner quelques fières attitudes.

Lorsqu’il estima son membre en mesure d’être montré sans honte,
il l’exposa au soleil, sentant agréablement le vent le caresser
sous le soleil et la chaleur qui monte.
Puis il s’endormit, par la fatigue, terrassé.

Lorsqu’ Aldebert se réveilla d’avoir trop chaud,
il etait d’un beau rouge vif de bas en haut.
du bout des pieds jusqu’à sa calvitie naissante.
Il avait cramé de manière alarmante.

Aldebert peina à se relever,
avec l’impression d’une peau proche de craqueler.
Aldebert fulminait de sa bêtise de s’être ainsi fait avoir !
Décidément ces vacances prenaient le tour d’un cauchemar !

Aldebert se doucha à l’eau froide longuement
avant de se tartiner copieusement d’après-solaire
jusque sous la voute plantaire
qui présentait un ton violacé inquiétant.

Aldebert cramoisi, décida d’aller tout de même se sustenter
au restaurant qui se trouvait sur place.
Il était quelque peu agacé que tous le regardent éffarés
de présenter une telle rougeaude et abominable face !

Tout le monde semblait souffrir pour lui
alors qu’il se faisait, derrière son menu, tout petit
déjà tendu de se présenter, ici, nu comme un ver
il chercha un peu de prestance dans un verre.

La serveuse était fort jolie,
et, à la maniere du lieu, entièrement nue.
Elle courrait de table en table avec ses seins tendus
Le bombé de sa croupe semblait danser, plein de vie !

Aldebert avait peine à se concentrer sur son assiette,
picorant un peu à l’aveuglette !
L’Œil hypnotisé par le ballet de la demoiselle
Il se sentait pousser des ailes !

A mesure que son sexe gonflait à l’abri de la nappe
lui rappelant douloureusement, sur la plage son étape,
son sexe brûlé hésitait entre enthousiasme et rancœur
entre enjouement et vive douleur !

Une fois qu’il eut réglé l’addition
Aldebert s’interrogeait sur la maniere de gerer la sortie
avec ce sexe à la manifeste émotion
sans attirer l’attention de la salle en appétit !

Etait-il admis dans un club naturiste
de se promener avec un sexe fier comme un étendard
qui plus est clignotant comme un phare
pour quitter la piste ?

Aldebert en doutait
et piocha dans le broc d’eau quelques glaçons
pour faire fondre le membre polisson
à grand renfort de frais !

Tandis qu’Aldebert rafraîchissait son sexe énervé
son œil aux aguets, cru reconnaître si près
un client de sa boite, récemment malmené
s’asseyant plus loin avec une épouse au ventre grassouillet !

Bon sang ! Mais oui, c’est lui ! C’est bien Monsieur Dupond
Punaise, qu’est-ce qu’à poil il a l’air con !!!!
Effectivement Monsieur Dupond, la cinquantaine ventripotente
arrivait pour dîner avec Madame, aux cuisses flageolantes !

Mieux qu’à l’aide du glaçon, Aldebert débanda illico,
de se retrouver ainsi dans le plus simple appareil
face à l’un de ces contradicteurs de la veille !
Il quitta très vite la salle, au plus tôt !

Glissé sous ses draps
qui le collaient pire que du sparadrap
sur sa peau par le soleil meurtrie
Aldebert résumait sa journée de vacances , somme toute un peu pourrie !

Il avait brûlé au deuxième degré
et plus les heures passaient, plus la douleur en était révélée.
Il ne se sentait pas bien ainsi nu
à assumer la vie indépendante de ses attributs

Et pour couronner le tout
le quotidien en la personne de Monsieur Dupond
venait de faire une intolérable irruption
dans ce qu’il croyait être une pause loin de ce monde de fous !

Aldebert n’ayant pas réussi à fermé l’œil, au petit matin,
tant les coups de soleil le faisaient souffrir
décida d’immédiatement raccourcir
ce qui lui restait de congés pourtant payés jusqu’à la fin !

Et c’est avec un soulagement non feint
qu’il retrouva son quotidien !
Son costume, le bureau étouffant
et même Gisèle, si délicieuse de dévouement !

mardi 21 juillet 2009

Le Père Ursule

Le Père Ursule, avait donné sa vie au Seigneur !
Une vie entière à sauver les pêcheurs,
à célébrer messes et bénédictions,
luttant jour après jour contre toute tentation.

Une vie entière consacrée avec ferveur,
à gratifier l’assemblée de sermons dominicaux
à prier, réciter, baigner dans les fonds baptismaux,
marier, encenser les douleurs.

Ayant toujours à l’esprit et au cœur,
de faire au mieux son difficile labeur,
Et ce, depuis qu’il avait été enfant de choeur,
jusqu’à ce jour avancé dont Dieu s’était fait prêteur.

Mais voilà, le Père Ursule allait fêter sans ostentation
ses soixante dix ans d’une vie de dévotion.
Il faisait le bilan de sa vie d’émotion,
et commençait à peiner à trouver encore motivation.

Malgré ses prières quotidiennes,
malgré les chapelets, les neuvaines,
jamais il n’avait reçu le moindre remerciement du Ciel.
Pas de son, pas d’image, pas même une goutte de miel.

Le Père Ursule doutait :
"Et si ma vie n’avait été que celle de l’acteur,
récitant la pièce, jour après jour, du même auteur ?
Et si, finalement, son succès critique était surfait ?

Et si manigancé en décor, de toutes pièces
il n’y avait rien derrière l‘aurore, nul faciès
derrière tous ces sacrements
derrière tous ces chants..."

Le Père Ursule doutait.
Si tard, mais tant et tellement !
Comme un fauve en cage, il tournait, ressassait,
dans sa tête, dans la nef et dans son appartement.

Vint le jour de son soixante dixieme anniversaire
et aucune lueur ni signe tangible, malgré ses prières
qui prenaient la tournure de bouteilles à la mer !
Le Père Ursule, pour la premiere fois, goûtait à la colère !

Les dames de la paroisse avaient organisé une petite fête
pour célébrer dignement l’anniversaire de ce bon homme
avec moult cakes, salades et tartes aux pommes,
et puis quelques bons vins, pour que la fête soit complete !

Le Père Ursule silencieux mais brisé de colère
noya plus que de raison dans le vin, sa misère.
Et, à mesure qu’il virait rubicond
commençait à rire plus que de raison.

Les dames patronnesses se jetaient des oeillades entendues
joyeuses que leur saint père se soit un peu laissé aller
à sa joie d’être ainsi fêté,
en ce jour, méritant tout son du.

Mais bientôt, le Père Ursule fin saoul,
décida qu’il était plus que temps d’enfin être fou !
Et, initié d’un coup de poing violent sur la table
décréta qu’il était plus que temps de mettre fin à cette fable !

" Mesdames ! Je fête ce jour en votre présence
et pourtant depuis tant d’années, dans le silence,
je rêve dans le secret de la nuit
d’en culbuter 2 ou 3 à grand bruit !

De relever vos jupes marines
et vous glisser un bon coup de pine !
Depuis le temps que mon membre réclame de servir
j’ose espérer que l’une de vous lui fera ce plaisir !

C’est mon anniversaire, je veux et exige ce cadeau !
Qui sera la premiere à recueillir mon flot ? "
Ces dames outrées criaient des haaa, des hoooo,
qui ne faisaient qu’exciter un peu plus le vieux frerot !

Pris de démence, celui-ci exigeait enfin sa pitance
et se jeta avec violence sur la pauvre dame Hortense.
Sur la table, devant les convives,
il la troussa, et jouit à une allure vive !

Les dames, figées d’horreur
ne savaient que rester là à prier en chœur !
Le Père Ursule avait tant d’années à rattraper
qu’il les prit une à une, sans en oublier !

Entre l’extase et le choc
ces dames ne savaient trancher !
Confuses mais remontées à bloc
d’être ainsi si saintement honorées !

Dans un silence un peu pesant,
chacun prit part au rangement.
La table fût débarrassée,
une fois les agapes expirées.

Les dames rentrèrent chez elles pas mécontentes de cette journée
qu’un unanime silence tacite avait scellé.
Le Père Ursule continua à officier quelques années
pas mécontent d’avoir vécu sa vie d’homme, sous forme concentrée !

Maudit moustique

Un moustique las de naviguer nuitamment
à éviter soigneusement les prises électriques toxiques,
de jouer au vampire redouté fuyant la claque fatidique,
décida d’occuper ce qui lui restait de vie autrement.

Posé au revers d’une feuille bercée par le vent,
dans un sous-bois humide et rustique,
il dessinait en secret d’embrasser une carrière artistique,
à laquelle la foule applaudirait vaillamment

Il s’entraîna longuement à affiner le chant symptomatique
de ses ailes aigues au fameux bourdonnement
et dansait en tressautant dans un mouvement,
tout à fait spécifique d’une transe hypnotique.

Lorsque le numéro lui sembla toucher à son aboutissement,
il résolu d’offrir son premier spectacle au public,
non sans trac, il chercha quelque loustic
devant qui tester sa ferveur à l’enchantement.

Par chance, il trouva son bonheur rapidement.
Se posant sur le bras dénudé d’une promeneuse anorexique
il entama son ballet psychédélique,
poussant le son au plus haut rayonnement.

Il jubilait, euphorique,
s’attendant à de chaleureux remerciements.
Essoufflé mais heureux, il vit à peine le mouvement
de la main s’écrasant sur sa vie de moustique.

Encore un artiste maudit !

Jardin

En des espaces de causes, les poires osent
coller, obtuses, quelques coléoptères cooptés,
triés sur le volet, es paires, en douce de jardins enchantés,
de fleurs lys à bleuet, jusqu’aux prunes éclatées d’envie en rose

lundi 15 juin 2009

Chanson romantique d'amour malheureux, à destination d'un chanteur écologiste integriste, altermondialiste, en bout de piste :

Elle etait si belle avec son petit oeil vif,
et ses cheveux humant délicatement le suif !
J'lui ai dit, viens donc faire un tour sous ma yourte,
que j'te fasse gouter d' mon yaourt !

Elle a dit non, ch'uis végétalienne
mais j'veux bien qu'tu m'glisses une p'tite graine !
Mais quand il fallu rejoindre le logis, à 20 bornes à pieds
la belle etait fatiguée et ses espadrilles étaient niquées !

Elle m'a planté en plein sentier,
en m'disant qu'une autre fois on s'rappellera !
Mais, on n'a pas d'autre moyen de communiquer
qu'à l'indienne avec des signaux de fumée ! J'l'ai dans l'baba !

Pique à Saucisse

Ce n'etait qu'un pique à saucisse, effilé, en bois lisse,
planté en coulisse, pour ne point souiller de graisse,
les doigts avides de petits fours chauds et divers délices,
dans des feuilletés dorés captivant quelques cremes epaisses.

La petite écharde de bois blond,
fut avalée, tout rond !
Et, avec son comestible compagnon
vint étouffer le gros ogre rubicond !

Ce fut moche à voir

Une Flaque

Que le lapin lape l’eau ou pas, tôt ou tard,
l’eau non bue se fut trouvée volatilisée !
La flaque, quoi qu’on en dise, et à tous égards,
n’a aucunement vocation à perdurer.

Lapée ou évaporée, les fluctuations aléatoires,
qu’elles soient qualifiées d’aubaine ou de déboires,
sont sans sens sur sa destinée nécessairement transitoire.

dimanche 10 mai 2009

Une petite fille avec des couettes....

elle etait assise là, sur la margelle, avec ses couettes,
à piocher dans un sac en papier, plein de chouquettes.
La bouche pleine, elle contemplait ses socquettes,
agitant les pieds au bout de ses petites jambes maigrelettes.

- Bon appetit petite poulette !
Lança la dame qui passait, en passant...
- Ferme ta bouche avec ta tronche de cake blette !
Lança en retour, l'enfant tout en grimaçant....



La dame qui passait, s'arreta net,
hesitant à venir tancer la petite peste...
Mais cette derniere, plus rapide, planta, d'un geste leste,
ses ciseaux à bouts ronds, avec vigueur, dans la gorge offerte.

Tandis que la dame aux yeux révulsés, muette,
gargouillait, expirant dans son sang,
la petite sauta sur sa bicyclette,
avec ses chouquettes, chantant le nez au vent....

Archeologue ?

A regarder toujours au microscope quelques souvenirs brisés de vies
il ne vit rien venir de ce qu'il se tramait derriere lui.
Epoussetant sans cesse avec mille précautions les strates des âges,
obnubilé à tamiser des trésors sous son oeil mué en gare de triage.

Il ne levait plus le nez, perdait du recul, laissait filer le plaisir.
Sur la stèle colossale branlait dangereusement une figure mythique.
Elle choisit cet instant pour lui tomber dessus, à pic,
broyant le corps et l'âme, sans émotion ni soupir.

C'etait un bel écrin pour mourir ce jour...
Dommage de n'en avoir contemplé que le velour.

Casimir

Marie-Clothilde rentrait d'une sympathique soirée
d'anniversaire, passablement alcoolisée.
Très digne, malgré l'allure échevelée de sa tresse
que ne tenait plus qu'à peine son carré Hermès,
elle se souvint brusquement qu'elle n'avait pas nourri Casimir.

Allumant le plafonnier, elle s'approcha du bocal à nourrir.
Ô Stupeur ! Casimir, au lieu de gambader de ses nageoires,
avait un facheux air penché, un oeil terne, presque cireux,
et surtout, un affreux ventre gonflé comme s'il avait avalé une poire !
Casimir semblait, pour le moins, ne pas aller au mieux !

Prise de panique devant cette scène d'agonie,
Marie-Clothilde se jeta sur son téléphone pour appeler des secours.
Marc-Hubert, son cavalier de la soirée qui avait été si prévenant et plein d’humour,
ne devait pas être encore rentré chez lui !

"Marc-Hubert !!! Ooooh Marc-Hubert, pardonnez mon appel si tardif !
Je suis tout bonnement desespérée, je crains que mon Casimir ne soit moribond !"
Marc-Hubert, qui etait en fait sur le point de se coucher, sauta dans son calcif,
pour porter secours à la belle au ton si depressif !

Arrivé sur place, il estima vite que les jours de Casimir etaient comptés,
et que plutot que de le laisser longuement agoniser,
souffrir, pencher, peut-être même éclater,
il serait préferable de l’euthanasier !

- "Ma tres chere Marie-Clothilde, en quelques mots,
je crains qu’il ne lui faille un coup de chasse d’eau !
- Oh Mon Dieu, non, c’est abominable !
On ne peut pas faire ça, ce serait impardonnable !
Une mort plus rapide serait cent fois préférable !"

Après moult tergiversations autour de la table,
Marc-Hubert decida qu’un bon coup de marteau
était la seule possibilité pour le tuer au plus tôt !
Marie-Clothilde revint donc avec un maillet,
tout en pleurant ce qu’elle pouvait !

Casimir se laissa pecher sans réaction !
Il fut placé délicatement sur une planche à découper,
et Marc-Hubert, après un leger signe d’affliction,
frappa brutalement le poisson du maillet !

Manque de chance, Marc-Hubert avait mal visé,
le poisson glissa sous le coup, et.... s’envola quelque part dans le salon !
Tandis que Marie-Clothilde hurlait d’horreur en cherchant son petit protégé,
Marc-Hubert se confondait en excuses de ne pas avoir été assez bon !

Il essuya sans rien dire, la nageoire dorsale restée collée au maillet....
Marie-Clothilde finit entre ses larmes, par retrouver Casimir presque asphyxié
dans les rideaux derriere le canapé.
Le pauvre n’etait pas encore trépassé !

Marc-Hubert, un peu géné, demanda à Marie-Clothilde de se tourner.
Puis, d’un coup de chaussure, bien ajusté,
il écrasa à même le sol, le poisson rouge tout gonflé !
Plaf ! Ainsi mourut Casimir à l’issue de cette triste soirée !

Un silence

Il n'y avait plus rien à faire.
Juste rester là... et puis se taire.
Garder sa main dans la mienne
jusqu'à ce qu'elle se voile d'obsidienne.

Il n'y avait plus rien à dire.
Juste rester là... et retenir les soupirs.
Ne rien laisser transparaître,
jusqu'à ce que ce soit l'heure de renaître.

Il n’y avait plus qu’à attendre,
là,... sans plus entendre,
ces mots réconfortants assénés,
comme autant d’obscénités.

Il n'y avait plus rien à faire.
Juste rester là... et puis se taire...

Dune

Je criais dans le desert, tout mon saoul, à la face de la dune,
J’hurlais tout ce que je pouvais, à m’en faire saigner la gorge.
Inaudible plainte, même pas une graine d’orge
Sans doute bien moins qu’un titre du journal de la Une

Elle me toisait sans vibrer, fiere,
Putain de dune qui m’avait ôté tout souffle
Pour arriver entiere,
Jusqu’à son sommet sans plus de souffle.

Hors de moi, m’enfonçant dans son sable
Sans jamais toucher son râble
Ni encore moins son cœur
Couvert de sable à la solaire tiedeur.

Face à cette immensité, d’une mer sans fin
Et le sable de l’autre côté
Perdue, là, sans en attendre plus rien
Jetais, despespérée, un galet à fin de ricochets…

Le galet a coulé, avec le cri qui l’accompagnait
Sans bruit
Sans fruit
Miserable, comme une âme qui coulerait…

Je mourrais là…
Enveloppée de sable
Dans un vent de fables
recouverte de mes cris bas…

Un chemin...

Au bout, tout au bout de ce chemin,
Lorsque l’on aura passé tous ces branchages
Lorsque nous aurons traversé les marecages,
Là bas, sans doute au petit matin,
Se souviendra-t-on pourquoi ?
Nous souviendrons nous comment ?
Et même, est-ce que tu seras encore près de moi ?
Est-on definitivement toujours seul dans ces moments ?

Au bout, tout au bout de ce chemin qu’aurons nous perdu ?
Que nous restera-t-il encore de nous ?
Avant que de sombrer dans l’inconnu,
Aura-t-on encore cette conscience, ou plus du tout ?

Le ciel entre deux feuilles a beau sourire,
Il ne se laisse que rarement lire.
Lorsque le chemin prendra fin, un matin d’été
Serons nous seulement veritablement arrivés ?