mercredi 4 juin 2008

Mots désuets



Nous évoquions cet après-midi même dans notre clique,
ces mots délicieusement désuets aux accents ludiques,
aux fragrances surannées de violette,
délicatement estompées derriere une voilette !

Oubliez votre précepteur pour l’heure, Demoiselle,
et je vous éluciderai ce séduisant mot : bagatelle
Vous verrez, très vite, vous en serez folle,
et me prierez de vous enseigner celui de gaudriole.
Vous contant fleurette, ma mie, je vous delesterai
de vos rocambolesques brimborions et colifichets.
Et lorsque mutine, vous m’inviterez au badinage,
douce et folâtre polissonne, je repondrai batifolage !

Un détail :


Avez-vous constaté comme un petit détail peut venir gacher une journée ?
Un truc tout bête, un détail, comme par exemple d’avoir mal aux pieds !
C’est terrible ! Vous partez, guillerettement, chaussée de nouveaux escarpins Louboutin
tout jolis avec de beaux talons fins et un petit nœud-nœud en satin !

Marchant dans les rues, un coup d’œil dans la vitrine, pour verifier l’effet,
vous allez rejoindre votre amie Augustine, certaine de la faire bisquer ! ! !
A peine arrivée chez Augustine, juste le temps de s’embrasser,
que déjà sont regard connaisseur fond comme un rapace sur la nouveauté !

" - Antoinette, ma chérie, mais elles sont superbes, tourne pour voir !
Haaaaan mais ce sont des Louboutin, c’est trop beau, elles brillent comme un miroir ! ! !
Mais ça coute un bras, ces chaussures là, comment as-tu fait, où les as-tu acheté ?
Ne me dis pas que tu as eu un plan sans m’en avoir parlé, sinon je vais te detester ! ! ! ! "

Oups ! Effectivement, vous avez eu un plan pour une vente privée,
mais c’est avec votre meilleure amie Albertine que vous y êtes allée !
Là, mentalement, vous notez : " Penser à brieffer Albertine de ne pas gaffer ".
Et vous expliquez que c’etait un truc de malade sur e-bay, gagné à l’arrachée ! ! !

Il fait beau, vous decidez d’aller déjeuner en terrasse,
papoter tranquillement, en filles, de Marc qui s’est affublé d’une petasse !
Une fille vraiment vulgaire avec des gros seins refaits et des cheveux jaunasses !
Marc est completement aveuglé, c’est ridicule de rester avec cette grognasse !

Bref, tout se passe pour le mieux, et alors que vous regler l’addition,
Augustine vous propose d’aller faire un peu de lèche-vitrine !
En ce moment elle n’a pas le temps de faire du shopping,
étant, ce jour, en RTT, ce serait dommage de rater l’occasion !

Vous voilà donc parties toutes deux, à la conquête de la bonne affaire,
de la petite robe noire toute simple mais tellement chère,
de la jupe avec un imprimé extraordinairement original, le truc à tomber par terre,
qui se marierait tellement bien avec un chemisier vert anis tres clair ! ! !

C’est fantastique, sauf, que, de passer de boutique en boutique,
le talon dans la Louboutin commence à chauffer de maniere dramatique !
Le petit orteil comprimé commence à gonfler et souffrir,
et vous suivez Augustine avec moult soupirs !

Au bout d’1h30 de pietinement, vous ne pouvez plus decrocher un mot !
Vous vous agrippez à votre sac, cramponnée pour taire vos maux !
C’est impossible, inconcevable, d’avouer à Augustine,
que vous avez pris une pointure en dessous, la derniere paire dans la vitrine ! ! !

Au bord de l’évanouissement, vous expliquez que vous devez rentrer,
un truc à faire, bon sang, j’ai failli oublier ! ! !
Mais Augustine insiste pour allez jusqu’au bout de la rue,
Eele se souvient qu’il y a une boutique avec des prix jamais vus ! !

Grimaçante et boitant discretement pour parvenir en martyr ,
les yeux exorbités fixés au sol en vous mordant les levres pour ne pas gemir,
jusqu’au bout de la rue devant une boutique en liquidation totale,
avec des jeans Diesel à un prix tellement reduit que c’en est immoral !

Le truc incroyable qui arrive une fois par siecle, et encore, les bonnes années !
Augustine se precipite, completement éberluée !
Vous la suivez du mieux que vous pouvez !
Et tombez toutes deux devant le slim, THE slim qu’il faut absolument porter !

Augustine en a déjà arraché deux et se precipite vers la cabine,
pour essayer, c’est qu’il ne faut pas se tromper de taille !
Et bien que souffrant atrocement, vous imitez votre copine,
avant qu’il ne reste plus rien d’autre que des modèles qui baillent !

Mais là, vous réalisez horrifiée, que pour essayer un slim,
il faut se dechausser, et vous vous mettez à transpirer malgré la clim !
Si vous retirez vos chaussures, il sera parfaitement impossible de les ré-enfiler !
Vous voyez déjà vos pieds tout meurtris et bouffis tenter de s’en echapper !

Que faire devant ce cruel dilemme ?
Abandonner et rentrer blême ?
Acheter sans savoir si on pourra rentrer ses cuisses,
dans ce jean merveilleux mais en petit trente-six ?

Laminée, extenuée, à deux doigts de vous effondrer,
vous decidez de choisir la deuxieme option pour ne pas risquer,
d’à tout jamais avoir perdue une telle occasion de pavoiser,
dans un jean que toutes vont vous envier !

Sortant de la cabine, livide,
vous vous hâtez de payer en liquide,
et marmonner peniblement un rapide au revoir,
à Augustine, tout en hélant un taxi en serrant les machoires !

Enfin chez vous, vous mettez dix bonnes minutes pour arriver,
à ôter vos chaussures sans arracher la peau en même temps !
Apres ça, c’est certain, vous ne pourrez plus marcher avant longtemps !
Pour le jean, vous commencez déjà à regretter la couleur est une vraie mocheté !

Missive

Chère Madame,

Je vous écris, ce jour, pour vous faire part de quelques doléances,
qu’il me semble opportun de porter à votre connaissance.
Vous n’ignorez evidemment pas combien les regles de bienséance,
sont une nécessité lorsque l’on vit dans un immeuble " Vieille France "

Pour que chacun puisse se cotoyer avec plaisir et sérénité,
tout en preservant, en bonne intelligence, son intimité,
il m’est apparu que sans doute le mieux à faire,
était que nous puissions mettre les choses au clair !

Vous avez depuis quelques mois emménagé,
malheureusement, tres vite, j’ai remarqué,
que vous aviez de tres jeunes enfants.
Or, il se trouve que les votres sont particulierement bruyants !

Je les entends rire, jouer et, un comble, parfois même chanter !
A priori, il doit y avoir un tout petit qui souvent se met à pleurer.
Je pense que vous comprendrez que cela est fort deplaisant
et je peux vous indiquer le nom d’un medecin qui leur prescrira quelques calmants.

Il apparaît que vous receviez le soir, pour quelques dîners,
sans doute, ce qui me semble bien normal en soi !
Pour autant, vos invités partent tres tard et font grincer les escaliers !
Je pense qu’un départ pour 22 h est tout à fait raisonnable ma foi.

Vous serait-il possible également de prier votre mari,
lorsqu’il lui arrive de recevoir en votre absence,
comme lorsqu’avec vos enfants vous etiez partie en vacances,
que ses amies soient moins enthousiastes dans leurs cris ?

Je pense qu’une fois que ces petits détails seront réglés
tout devrait, pour le mieux, se passer.
Et je tenais à vous dire combien je suis ravie,
d’avoir de nouveaux voisins, peut-être de futurs amis ?

Veuillez agréer, Chère Madame, l’expression de mes cordiales et sincères salutations.

Scène de la vie quotidienne, néanmoins heureusement inhabituelle, sans aucune gravité et pour autant assez inconfortable :

Je sortais cet apres-midi de chez moi d'un pas léger,
trottinant avec allegresse vers de nouvelles aventures,
lorsqu'au bout de quelques centaines de mètres estimés,
je ressens une gène sérieuse, une sorte de brûlure !

Rapidement, j'identifie la source de mon inconfort :
ma culotte, mal ajustée, est venue se nicher,
avec une incongruité inopportune, dans mon intimité
et vient méchamment m'en cisailler les abords !

Evidemment, j'étais bien loin d'être seule dans cette rue,
et ne pouvais me permettre de librement farfouiller,
pour remettre à sa place cette ignoble, avant que d'être fendillée,
mais plus j'avançais, plus la situation était tendue

Comment me sortir de cette difficile condition,
avec le minimum de dignité nécessaire sur voie publique ?
Il s'agissait là d'une épineuse question,
pour resoudre au plus vite cette conjoncture critique !

Je commençais par adopter un pas, à la fois savant et instinctif
en me tortillant avec classe et discretion,
dans un etonnant déhanchement au mouvement rotatif.
Malgré mes efforts véhéments, point de résolution !!!

Je tentais alors, avec applomb, une incursion discrete
de ma main vers mon jean, et découvrais, attérrée,
que la fermeture éclair en était grande ouverte
et qu'une fanfreluche de satin rose avait sorti son nez

Tres vite, en un furtif et subreptice mouvement,
je rangeais cela vivement, tout en tirant sans menagement,
sur l'odieux morceau de tissu faisant office de sous-vêtement,
et remontais la glissiere qui coinça le noeud rose entre ses dents

J'optais pour l'option de tirer sur mon haut,
pour camoufler tout cela et sembler sans defaut
Apres un rapide coup d'oeil circulaire,
je pus poursuivre mon chemin, la tête droite et le regard fier !!!