dimanche 10 mai 2009

Casimir

Marie-Clothilde rentrait d'une sympathique soirée
d'anniversaire, passablement alcoolisée.
Très digne, malgré l'allure échevelée de sa tresse
que ne tenait plus qu'à peine son carré Hermès,
elle se souvint brusquement qu'elle n'avait pas nourri Casimir.

Allumant le plafonnier, elle s'approcha du bocal à nourrir.
Ô Stupeur ! Casimir, au lieu de gambader de ses nageoires,
avait un facheux air penché, un oeil terne, presque cireux,
et surtout, un affreux ventre gonflé comme s'il avait avalé une poire !
Casimir semblait, pour le moins, ne pas aller au mieux !

Prise de panique devant cette scène d'agonie,
Marie-Clothilde se jeta sur son téléphone pour appeler des secours.
Marc-Hubert, son cavalier de la soirée qui avait été si prévenant et plein d’humour,
ne devait pas être encore rentré chez lui !

"Marc-Hubert !!! Ooooh Marc-Hubert, pardonnez mon appel si tardif !
Je suis tout bonnement desespérée, je crains que mon Casimir ne soit moribond !"
Marc-Hubert, qui etait en fait sur le point de se coucher, sauta dans son calcif,
pour porter secours à la belle au ton si depressif !

Arrivé sur place, il estima vite que les jours de Casimir etaient comptés,
et que plutot que de le laisser longuement agoniser,
souffrir, pencher, peut-être même éclater,
il serait préferable de l’euthanasier !

- "Ma tres chere Marie-Clothilde, en quelques mots,
je crains qu’il ne lui faille un coup de chasse d’eau !
- Oh Mon Dieu, non, c’est abominable !
On ne peut pas faire ça, ce serait impardonnable !
Une mort plus rapide serait cent fois préférable !"

Après moult tergiversations autour de la table,
Marc-Hubert decida qu’un bon coup de marteau
était la seule possibilité pour le tuer au plus tôt !
Marie-Clothilde revint donc avec un maillet,
tout en pleurant ce qu’elle pouvait !

Casimir se laissa pecher sans réaction !
Il fut placé délicatement sur une planche à découper,
et Marc-Hubert, après un leger signe d’affliction,
frappa brutalement le poisson du maillet !

Manque de chance, Marc-Hubert avait mal visé,
le poisson glissa sous le coup, et.... s’envola quelque part dans le salon !
Tandis que Marie-Clothilde hurlait d’horreur en cherchant son petit protégé,
Marc-Hubert se confondait en excuses de ne pas avoir été assez bon !

Il essuya sans rien dire, la nageoire dorsale restée collée au maillet....
Marie-Clothilde finit entre ses larmes, par retrouver Casimir presque asphyxié
dans les rideaux derriere le canapé.
Le pauvre n’etait pas encore trépassé !

Marc-Hubert, un peu géné, demanda à Marie-Clothilde de se tourner.
Puis, d’un coup de chaussure, bien ajusté,
il écrasa à même le sol, le poisson rouge tout gonflé !
Plaf ! Ainsi mourut Casimir à l’issue de cette triste soirée !

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